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Le pays imaginaire de Defy
1 décembre 2005

Mes 32 ans, ou comment j’ai acquis une sensibilité de droite

J’avais passé la journée avec mon amoureux. On s’était grisé de vent et de sensations en jouant à régater sur les class 8 avec des copains voileux. Le soleil était au rendez-vous, on était ensemble, plus fort que la mort, mais pas que l’équipage devant qui nous a collé une dérouillée à chaque manche. Enfin, on a pas coulé le bateau non plus. Le soir, on s’est tous retrouvé au Saususs, notre QG. Je vous jure que c’est son vrai nom. Avouez que ça sied à merveille à un centre de formation de moniteurs de voile croisière, non ? Bref, on avait prévu un pot au feu (enfin, les filles avaient prévu… je veux dire, les autres filles, les vraies, celle qui font les courses et tout !). Super, un vrai plat d’hiver ! On a épluché les légumes, et comme on avait une bouteille de rhum et des citrons verts en rab par rapport aux ingrédients nécessaires à la confection de la recette, on s’est dit que ce serait une bonne idée d’en faire des ti-punchs… Y’en a là-dedans ! Le marin, il est malin ! Et puis, faut pas gâcher ! Donc, j’épluche, je bois un coup, je coupe, je bois un coup, oh, marrée basse ! TAVERNIER ! Fais tanguer la boutanche ! ! ! Au bout d’un moment, vu qu’il y avait plus de légumes à éplucher et qu’il restait quand même du rhum, on s’est rassemblé autour de la cheminée circulaire pour débattre du monde, de l’écoulement laminaire sur l’intrados, de la supériorité incontestable du Neisson sur le Lamauny, de Thierry qui avait de moins en moins de cheveux et de plus en plus de bide (ça marche pas dans l’autre sens, j’ai essayé en laissant pousser les miens), de pour ou contre les pantoufles au Spitzberg et… Qui c’est qu’a les citrons ?. On était bien ! C’est là que Yoda, notre maître à tous, a fait son entrée avec 2 cubi de beaujolais et une caisse de Fronsac histoire de trancher définitivement la grande question : beaujolais ou bordeaux ! Là, j’ai senti qu’il fallait faire une pause. Tout au fond de moi, mon estomac avait eu comme un sursaut apeuré. J’ai donc décidé d’accepter la proposition de Cyril de goûter à ces fameuses cigarettes qui font rire. Par respect pour les alcooliques membres du comité de défense contre la drogue qui pourraient être parmi nous sans même qu’on le soupçonne, nous avons pris la décision de faire passer ça pour une envie pressante d’aller se tirer une bière à la pompe du hangar. Et pour rester en accord avec nous-même, on s’est donc pris des demis (plusieurs). C’est là que mes poumons, lâches réprobateurs de ma non-hygiène de vie ont, je crois, prit la décision de se venger en décidant de faire passer un max de THC dans mon cerveau. Ce qui ne m’a empêché de faire une partie de fléchette endiablée à 6 mètres de la cible (sinon, c’est trop facile). Faut pas déconner, c’est encore le cerveau qui commande, merde ! Par contre, j’ai pas joué aux tractions avec les deux zozos, vu que, il faut le reconnaître, j’ai le cul un peu lourd pour ça. Là, je vais faire une petite digression : ça m’a beaucoup préoccupé à une époque. Pas trop à cause des petits ensembles Kookaï et Cop Copine taille 36 auxquels il m’a fallu renoncer mais parce que si je tombe à la flotte, pour remonter à bord, macache wallou, impossible. Et un jour, j’ai eu comme une illumination. Si je tombe et que j’attends suffisamment longtemps, il y aura bien un Grand Blanc compatissant pour me soulager d’une jambe. La force de mes bras et la montée d’adrénaline me permettraient alors de regagner le bord sans problème. Cul-de-jatte, certes, mais vivante… Pour un laps de temps sans doute limité, mais bon… Suite à quoi, je me suis remise au chocolat. En retournant à l’espace débat près de la cheminée, j’ai constaté que la rébellion gagnait mes jambes qui avaient de plus de mal à m’amener d’un point à un autre en ligne droite. Je tirais des bords carrés : deux fois la distance, trois fois le temps, quatre fois la peine ! J’ai néanmoins participé activement au test comparatif, hurlant intérieurement à mes organes qu’en tant qu’être humain, ma supériorité sur l’animal était de savoir nier mes instincts. Au bout d’un moment, j’ai cependant cédé à la pression stomacale et englouti trois assiettes de Pot au feu. Ça m’a redonné un second souffle. Ça tombait bien parce que c’était l’heure de la soirée à laquelle on sort l’accordéon et la guitare. Et pi, y restait plein d’trucs à goûter. Je sais pas vous, mais moi, j’ai jamais fait une soirée avec des voileux sans chants de marins. Et à chaque fois, ça doit être un réflexe de Pavlov chez moi, ça se termine en gigue irlandaise. Peux pas m’empêcher. Là, ça a pas loupé. C’est à la fin du premier CD que la révolution s’est déclenchée. Les jambes voulaient plus : « À bas le pouvoir centralisateur qui donne ordre et contrordre sans que ça rime à rien ». Mon estomac n’attendait que ça : « On nous gave de conneries à longueur d’année, trop c’est trop ! Nausée, avec nous ! » Mes yeux, pourtant miroir de l’âme, quasiment bras droit du cerveau refusaient d’accommoder et se fermaient en traître. Même mon réseau sanguin s’était allié aux autres, battant mes tempes et débranchant le thermostat sans préavis. Gelée. Les lâches ! Je dois le dire, j’ai cédé aux revendications. Je suis allée me coucher sous les promesses de lendemains qui chantent, titubante, m’excusant auprès de la rampe d’escalier pour l’avoir bousculée et suppliant les farfadets d’arrêter de jouer au ball-trap dans ma tête. Le lendemain, à peine éveillée, je me suis rendu compte que je m’étais fait rouler par mes laborieux organes. Ces perfides avaient coupé tout système immunitaire malgré ma reddition. Maudits soient-ils, j’avais la crève. Vous leur donnez un doigt, ils vous bouffent le bras. Auguste Antoine Seillière, Sarkozy, Villepin, briseurs de grève du monde entier : « je vous ai compris ! ». Dès midi, j’ai contre-attaqué. J’ai infiltré des agents à la solde du patronat : aspirine et vitamine C. Mais ce corps ne s’en tirera pas à si bon compte. J’ai été trop laxiste, trop souple ! Je m’inscris demain à la première heure dans la salle de gym la plus proche. Avec si possible un prof d’Europe de l’Est qui ressemble à Danny Boon dans son sketch. Après 250 abdos, 90 pectoraux, 120 abdos fessiers, 2 500 développé couché et 6 heures de step, il va comprendre ce que c’est qu’avoir mal ! Y connaît pas Raoul ! Niark, niark, niark ! ! ! Et bouillon de poulet toute la semaine avec de la Contrex s’il vous plaît. L’autre bégueule, la prochaine fois qu’il aura droit à un magret de canard avec un Madiran, il me remerciera à genoux. Non mais des fois ! C’est qui qui commande ?

Pauillac, 43° 00' 29" N - 00° 22' 33" E

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Commentaires
D
Sémal, mais c'est non violent mes zamis<br /> <br /> Et hop, d'une pierre deux coup je réponds à Paco Banane (je me demande si c'est ton vrai nom?) et à Yojik, le gentil garçon qui roule en trotinette (ça pollue pas la planête !).
Y
mais quand même.<br /> <br /> Droite tendance UMP ou droite direct dans ma machoire ?
P
La drogue sémal !
Le pays imaginaire de Defy
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