9 juin 2004 - Premiers pas sur la Terre des Hommes
Marquises, Hiva Oa, Port d'Atuona, 09° 49' S - 139° 02' W
Nuit du 8 juin 2004 - Je suis toute petite
Pacifique, entre les Galápagos et les Marquises, 10° 01' S - 136° 35' W
8 juin 2004 – Da Vinvi Code
Je crois que quelque chose, quelque part, essaie de nous transmettre un message. Mais voilà, lequel ?
Pacifique, entre les Galápagos et les Marquises, 10° 01' S - 136° 35' W
6 juin 2004 – J’ai niqué
Ils disent : pas besoin de lire Les hommes viennent de Mars et les femmes viennent de Vénus pour être au courant que quand les femmes ont la tête en foutoir, elles font le ménage ou se font faire une nouvelle tête (avec plus ou moins de succès) chez le coiffeur.
Après l’épisode « doigts de schtroumpfs », j’ai été prise d’une frénésie ménagère (trouver un coiffeur, là, au milieu du Pacifique ne constituait pas une option envisageable).
Le cockpit de l’ovni est entièrement en teck. Avec le temps et la pollution du Canal de Panamá, le bois est devenu tout gris. On a du papier de verre à bord, alors, je me suis mise en tête de lui redonner une nouvelle jeunesse.
J’ai passé 3 jours plein à poncer comme une cinglé du matin au soir. Les alizés ont déposé de la poussière de bois sur tout le roof.
Au bout du compte, le teck a retrouvé sa blondeur. J’étais super fière de moi et j’avais bien évacué ma rage.
Pour la touche finale, j’ai entrepris de laver le pont à grande eau. J’ai balancé des dizaines de sceaux d’eau regardant la poussière de bois disparaître. Le pont étincelait de blancheur sauf qu’à un moment, un grand cri à résonné en provenance de la cabine arrière bâbord. Michel a surgi comme un diable sortant de sa boîte. J’avais envoyé entre 5 et 10 litres d’eau sur le joli Toshiba.
A pu d’ordi !
Tout mouillé, tout cassé !
Encore, avec l’eau douce, vous pouvez espérer qu’en séchant… Mais alors, avec l’eau de mer… Le sel… La cata quoi.
J’étais un peu emmerdé ! En même temps, Michel avait dû nous répéter 2 500 000 fois à Patrick et à moi qu’il était interdit, absolument , d’ouvrir le hublot qui donnait sur l’ordi. J’ai trouvé l’ironie de la situation assez savoureuse.
Le seul souci, c’est que pour les approches, on se servait d’un logiciel appelé MaxSea. Ce logiciel est génial. Couplé au GPS, il permet de positionner le bateau, tracer des routes, simuler des courants, voir les marées… Le grand luxe quoi !
On a le monde entier en carte nautique sur le disque dur. Non, correctif : on avait !
Donc, si j’ai un petit conseil à donner, c’est d’avoir tout de même quelques cartes papier à bord… Juste au cas où vous tomberiez sur quelqu’un comme moi !
Et puis aussi, le logiciel, faut pas l’acheter. Faut se servir de radio ponton…
Pacifique, entre les Galápagos et les Marquises, 09° 21' S - 132° 00' W
3 juin 2004 - Que d’eau
Pacifique, entre les Galápagos et les Marquises 07° 45' S - 124° 46' W
Tour du monde : Préparation au voyage
Paris, 48° 51' 53" N - 02° 20' 56" E
2 juin 2004 - Didi de Schtroumpf
Pacifique, entre les Galápagos et les Marquises, 07° 25' S - 122° 02' W
1er juin 2004 - Les ners à vif
Sauf que voilà, après manger, une fois le soleil couché, son entêtement devient dangereux. On a déjà 18 nœuds de vent réel et ça va continuer à monter. Michel s’obstine dans son idée : « Le vent monte à la tombée de la nuit ! C'est provisoire. Une brise thermique ! ». La tension monte surtout ici, c'est moi qui vous le dit. Je rassemble le peu de chacras ouverts qu'il me reste et expose mes arguments : - on est à la limite d’être surtoilé ; - on est que 3 ; - la nuit tombe ; - le baro n’a fait que descendre, ce n’est pas une brise thermique mais belle et bien du vent engendré par la baisse de pression. Michel me traite avec ce mépris propre à certains marins qui seuls maître à bord n’entendent pas recevoir de leçon d’une fille, et d’une gamine qui plus est. CONNARD, À MON ÂGE, HELEN MAC ARTHUR FAIT LA UNE DE TOUS LES JOURNEAUX ! « Puisque tu insistes sur ton rôle et tes responsabilités de chef de bord, Michel, je tiens à te dire que je considère comme une erreur de ta part de te mettre par négligence dans une position ou tu devras demander à ton équipage d’aller manœuvrer de nuit sur la plage avant une voile en surpuissance par 25 nœuds de vent. Sur ce, bonne nuit ! » Ma tirade ne change rien à rien, mais elle me soulage ! Je monte prendre mon quart. J’ai enfilé un harnais. Cette nuit, on ne joue plus ! Au fil des heures, et à mesure que le vent monte, je procède aux réglages visant à soulager le gréement. Je choque le hale bas de grand voile pour laisser le vent s’en échapper et perdre de la puissance. Je bride le guindant du spi autant que je peux pour l’aplatir. Lorsque je réveille Patrick pour qu’il prenne son quart à minuit, le pilote automatique commence à peiner. Je sens que la houle se creuse et que la mer se forme. Avant d’aller me coucher, je donne des consignes au nuisible qui ne m’écoute que d’une oreille. Allongée dans ma couchette, je fais moins la fière. Le boulet, rappelons-le, a une expérience nautique qui se limite aux cargos de la marine marchande. Autant dire que les grands draps qu’on pend sur le pylône, il voit pas trop comment ça marche. J’ai bien vu qu’il ne prêtait aucune attention à mes recommandations. Si le bateau part au lof sur l’effet d’une survente, il ne saura que faire et on risque de se retrouver cul par dessus tête. Je lui ai répété au moins 5 ou 6 fois : tu choques le hale bas en grand, tu choques l’écoute de spi en grand (tu vois, la rouge, là ! et la verte là !). Il m’a viré en me disant d’arrêter de faire la maligne, qu’il savait ce qu’il faisait. Tu parles… Il a au moins consenti à réveiller Michel si le vent passait les 25 nœuds. La nuit va être longue…
Pacifique, entre les Galápagos et les Marquises, 07° 09' S - 119° 33' W
1er juin 2004 - Histoire d'O
L’Ovni est équipé d’une jupe arrière spacieuse et confortable. Après le petit-déjeuner, je tends un paréo sur les filières du balcon arrière pour m’offrir un semblant d’intimité. La jupe arrière devient mon havre, mon espace détente.
J’ai placé dans un seau mon savon et mon shampoing, un gants de toilette, de la crème pour le corps, des lunettes de soleil et un bouquin. Le rituel est immuable. Je commence par placer mes affaires en sécurité dans le cockpit tout en les gardant à porter de main.
Aujourd’hui, le vent est monté et Aramis, en partant au surf, traîne un peu son cul dans l’eau. De gros remous cernent alors mon solarium et viennent parfois lécher mes orteils. Aujourd’hui, je décide de nouer une aussière autour de ma taille et de la frapper sur un taquet arrière avant de descendre sur la jupe. Mieux vaut un petit clic qu’un gros plouf, comme on dit.
Vous devez penser qu’il n’y a rien de plus trivial que de prendre de l’eau de mer armé d’un seau, et bien détrompez-vous. Petite, des adultes me racontaient des histoires affreuses de marins qui étaient passés à la mer en se prêtant à cet exercice. Le poids du seau, son inertie, la vitesse du bateau, l’équilibre précaire d’un corps à peine sorti des bras de Morphée… Tout tend à faire de vous un Tarbarly bis.
Je vais vous livrer mon petit secret : juste au bord de la jupe, dans le sillage du bateau, il y a comme un espace mort. À cet endroit précis, la vitesse ne se fait pas sentir et il est aussi facile de recueillir un seau d’eau que lorsqu’on est au mouillage. Je ne sais pas si on doit ça à Newton ou à Andromède, de toute façon on s’en fout !
Pour les novices, on se lave et on se rince entièrement à l’eau de mer. Je conseille les gels douche Usuhaïa qui moussent même à l’eau de mer ou le savon estampé « spécial eau de mer ». Personnellement, j’utilise un savon dermo-protecteur sans savon que j’ai un mal de chien à rincer donc : « faites ce que je dis, pas ce que je fais ». Le gant de toilette, c’est pratique, ça permet de frotter pour éliminer les couches de crème solaire accumulées. On peut alors avoir une petite idée de la couleur de sa carnation.
ATTENTION :
Le shampoing ne mousse pas à l’eau de mer. Il est suicidaire – et le mot n’est pas trop fort – de tenter de se laver les cheveux sans les avoir mouillés à l’eau douce. Le soucis d’économie qui nous animerais nous conduirais à utiliser beaucoup trop de shampoing et à être dans l’incapacité de procéder à un rinçage correct… La catastrophe !
Après le lavage, j’aime particulièrement m’auto-balancer de grands seaux d’eau sur la tête. Ça rafraîchi, ça réveille, ça fait du bien. L’eau glisse le long de mon corps et sa fraîcheur ne rend que plus douce la caresse du soleil. Je suis du genre à pouvoir rêvasser pendant des heures en regardant les dessins que fait la mousse de savon en s’écoulant. Après m’être rincé à l’eau douce avec la petite douchette du bord, je lézarde nue au soleil en bouquinant une histoire polynésienne (aujourd’hui, c’est Melville qui m’accompagne).
De son corps bronzé tout entier
sans la trace du maillot
La doudou n’en porte jamais,
elle dit « ce truc idiot, c’est bon pour les cageots »…
J’aime ta couleur café…
Moi, c’est « caramel au beurre salé ».
NB – De temps en temps, je prends le vieux en flagrant délit de tentative de matage. Déjà qu’il était aigri, le voilà frustré ! bien fait ! Il aurait dû être gentil avec Angel Skin!