2 avril 2006
1er juin 2004 - Les ners à vif
Les dauphins n’étaient pas venus pour me consoler. J’en suis maintenant convaincue. Ils étaient annonciateurs d’un coup de vent.
Depuis le rituel du bain ce matin, le bidule électronique qui mesure le vent n’a fait que monter (anémomètre)… et le bordel à pression descendre (baromètre). Michel a profité de cette belle brise pour hisser le spi (communément appelé « gros machin »). Super !
Aramis part en surf sur la longue houle du Pacifique, toutes voiles dehors. On fait des pointes à 10 nœuds (vous affolez pas, vous nous doubleriez en roller ! 10 nœuds, c’est que 18,56 km/h). N’empêche, on prend notre pied.
La journée se passe et on avale les miles. La progression sur la carte est nette ! Moi aussi, j’adore sortir le gros machin ! Même si je suis une fille ! On a cette sensation de puissance très particulière, l’adrénaline qui monte, le sentiment de toucher du doigt la perfection. Un voilier sous spi est comme un albatros en vol, privez le voilier du vent et de ses voiles, et il devient gauche, maladroit… Il perd toute grâce.
La journée se passe et le vent monte toujours. Le baro a chuté de 5 hPa en quelques heures. Ça sent très très mauvais. J’insiste auprès de Michel pour qu’on affale le spi avant la tombée de la nuit. Il refuse de m’écouter.
Sauf que voilà, après manger, une fois le soleil couché, son entêtement devient dangereux. On a déjà 18 nœuds de vent réel et ça va continuer à monter. Michel s’obstine dans son idée : « Le vent monte à la tombée de la nuit ! C'est provisoire. Une brise thermique ! ». La tension monte surtout ici, c'est moi qui vous le dit. Je rassemble le peu de chacras ouverts qu'il me reste et expose mes arguments : - on est à la limite d’être surtoilé ; - on est que 3 ; - la nuit tombe ; - le baro n’a fait que descendre, ce n’est pas une brise thermique mais belle et bien du vent engendré par la baisse de pression. Michel me traite avec ce mépris propre à certains marins qui seuls maître à bord n’entendent pas recevoir de leçon d’une fille, et d’une gamine qui plus est. CONNARD, À MON ÂGE, HELEN MAC ARTHUR FAIT LA UNE DE TOUS LES JOURNEAUX ! « Puisque tu insistes sur ton rôle et tes responsabilités de chef de bord, Michel, je tiens à te dire que je considère comme une erreur de ta part de te mettre par négligence dans une position ou tu devras demander à ton équipage d’aller manœuvrer de nuit sur la plage avant une voile en surpuissance par 25 nœuds de vent. Sur ce, bonne nuit ! » Ma tirade ne change rien à rien, mais elle me soulage ! Je monte prendre mon quart. J’ai enfilé un harnais. Cette nuit, on ne joue plus ! Au fil des heures, et à mesure que le vent monte, je procède aux réglages visant à soulager le gréement. Je choque le hale bas de grand voile pour laisser le vent s’en échapper et perdre de la puissance. Je bride le guindant du spi autant que je peux pour l’aplatir. Lorsque je réveille Patrick pour qu’il prenne son quart à minuit, le pilote automatique commence à peiner. Je sens que la houle se creuse et que la mer se forme. Avant d’aller me coucher, je donne des consignes au nuisible qui ne m’écoute que d’une oreille. Allongée dans ma couchette, je fais moins la fière. Le boulet, rappelons-le, a une expérience nautique qui se limite aux cargos de la marine marchande. Autant dire que les grands draps qu’on pend sur le pylône, il voit pas trop comment ça marche. J’ai bien vu qu’il ne prêtait aucune attention à mes recommandations. Si le bateau part au lof sur l’effet d’une survente, il ne saura que faire et on risque de se retrouver cul par dessus tête. Je lui ai répété au moins 5 ou 6 fois : tu choques le hale bas en grand, tu choques l’écoute de spi en grand (tu vois, la rouge, là ! et la verte là !). Il m’a viré en me disant d’arrêter de faire la maligne, qu’il savait ce qu’il faisait. Tu parles… Il a au moins consenti à réveiller Michel si le vent passait les 25 nœuds. La nuit va être longue…
Sauf que voilà, après manger, une fois le soleil couché, son entêtement devient dangereux. On a déjà 18 nœuds de vent réel et ça va continuer à monter. Michel s’obstine dans son idée : « Le vent monte à la tombée de la nuit ! C'est provisoire. Une brise thermique ! ». La tension monte surtout ici, c'est moi qui vous le dit. Je rassemble le peu de chacras ouverts qu'il me reste et expose mes arguments : - on est à la limite d’être surtoilé ; - on est que 3 ; - la nuit tombe ; - le baro n’a fait que descendre, ce n’est pas une brise thermique mais belle et bien du vent engendré par la baisse de pression. Michel me traite avec ce mépris propre à certains marins qui seuls maître à bord n’entendent pas recevoir de leçon d’une fille, et d’une gamine qui plus est. CONNARD, À MON ÂGE, HELEN MAC ARTHUR FAIT LA UNE DE TOUS LES JOURNEAUX ! « Puisque tu insistes sur ton rôle et tes responsabilités de chef de bord, Michel, je tiens à te dire que je considère comme une erreur de ta part de te mettre par négligence dans une position ou tu devras demander à ton équipage d’aller manœuvrer de nuit sur la plage avant une voile en surpuissance par 25 nœuds de vent. Sur ce, bonne nuit ! » Ma tirade ne change rien à rien, mais elle me soulage ! Je monte prendre mon quart. J’ai enfilé un harnais. Cette nuit, on ne joue plus ! Au fil des heures, et à mesure que le vent monte, je procède aux réglages visant à soulager le gréement. Je choque le hale bas de grand voile pour laisser le vent s’en échapper et perdre de la puissance. Je bride le guindant du spi autant que je peux pour l’aplatir. Lorsque je réveille Patrick pour qu’il prenne son quart à minuit, le pilote automatique commence à peiner. Je sens que la houle se creuse et que la mer se forme. Avant d’aller me coucher, je donne des consignes au nuisible qui ne m’écoute que d’une oreille. Allongée dans ma couchette, je fais moins la fière. Le boulet, rappelons-le, a une expérience nautique qui se limite aux cargos de la marine marchande. Autant dire que les grands draps qu’on pend sur le pylône, il voit pas trop comment ça marche. J’ai bien vu qu’il ne prêtait aucune attention à mes recommandations. Si le bateau part au lof sur l’effet d’une survente, il ne saura que faire et on risque de se retrouver cul par dessus tête. Je lui ai répété au moins 5 ou 6 fois : tu choques le hale bas en grand, tu choques l’écoute de spi en grand (tu vois, la rouge, là ! et la verte là !). Il m’a viré en me disant d’arrêter de faire la maligne, qu’il savait ce qu’il faisait. Tu parles… Il a au moins consenti à réveiller Michel si le vent passait les 25 nœuds. La nuit va être longue…
Pacifique, entre les Galápagos et les Marquises, 07° 09' S - 119° 33' W
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