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Le pays imaginaire de Defy
2 novembre 2005

20 avril 2004 - Envol

Certaine que Béné ne nous autoriserait pas les crises de sentimentalisme aigü, je lui avais demandé de m’accompagner à l’aéroport. Là, elle est partie rejoindre l’écureuil afin de financer mon voyage avec ses cotisations. Je lui ai confié mes toutes dernières cigarettes qu’elle m’avouera à mon retour avoir conservées comme de précieuses reliques… Me voici chômeuse non-fumeuse globe-flotteuse. J’ai du mal à réaliser que je suis enfin sur la route. J’ai tellement attendu ce moment-là ! avionJe passe le détecteur de métaux. Ceintures et pièces métalliques des chaussures interdites. Je me retrouve pieds nus et le pantalon me tombant allègrement sur les hanches… La classe ! Estampillé inoffensive (s’ils savaient), je rassemble ce qui me reste de dignité, me réajuste, et pars me consoler dans les boutiques de Duty free. Bilan d’American Airlines : - Stewart, mention très bien ; - Ergonomie : bien (plein de place dans les fauteuils des wasp américains) ; - Bouffe : très insuffisant (pour ne pas dire dégueu) ; - Boisson : pas de vin (le début de la fin). Le truc drôle ça a été l’escale à Miami. Ils te mettent en ligne un par un sans aucune espèce de classification à part « nous (enfin eux) » et « le reste du monde ». Tu attends pendant des heures. À un moment, tu te rends compte que ton avion décolle dans 10 minutes. Là, les rangers du Texas ont comme un mouvement de panique. Ils se mettent à organiser un plan B (terrifiant). Toi, tu te retrouves à piquer un sprint en direction de la passerelle en tenant ton pantalon. Parce qu’évidemment, ils t’ont refait le coup du détecteur (et que ni chez Prada ni chez Chanel tu n’as trouvé de ceinture rose assortie à ta swatch Barbie). Un grand moment ! J’étais un peu soucieuse dans l’avion de Panama Airlines, car Gil — c’est mon père Gil —, m’avait averti que les copains franchissaient le canal aujourd’hui et je ne savais pas très bien dans quel port j’allais les retrouver (Colón ou Balboa) ni comment j’aurais l’info. Le survol des côtes de la Floride et des Bahamas m’a fait tout oublier. À travers les eaux translucides de l’Atlantique, on voyait se dessiner une géographie sous-marine torturée. L’océan bleu outremer, passait au gré des plissements de la croûte terrestre au turquoise avant de se fondre dans l’émeraude et s’éteindre sur le safran des îles des Bahamas. Le soleil se couche lorsque nous survolons le canal. Panama City s’est habillé de lumière et nous atterrissons à la nuit tombée.
panama
Passage de la douane et de l’émigration. Il me faut expliquer que je ne peux pas leur donner d’adresse d’hôtel et que je n’ai pas de billet retour : « Porque va en viaje en una vela barca. » Je ne saurais jamais comment le gentil pistolero a fait pour comprendre mon petit nègre franco-italo-espagnol, mais il me laisse passer. Ne sachant où se trouve Aramis, j’ai décidé de faire un peu de tourisme en attendant des instructions. Je potasse, compare, et me sélectionne une petite pension de famille dans un quartier du centre ville qui a l’air sympa. Trouver un taxi et commander une course, maintenant. Je rassemble mon énergie vacillante et essaie d’ouvrir le peu de chacras qui me reste en battant le rappel des neurones dissidents. Il faut dire qu’il est deux heures du matin, et que la veille, on a fêté dignement mon départ.. J’ai dû dormir deux heures… Comó se dice libre ? Camera libre, libra, disponibile (non, c’est de l’Italien ça encore…) aramisJ’angoisse un tantinet en me trimbalant tête basse mes 40 kilos de bagages (ridicule, je ne me servirais que d’un dixième de tout ce bordel), marmonnant des bouts de phrases d’esperanto quand je tombe sur… Philippe. Philippe, le X-man, mon équipier polytechnicien qui est venu me chercher, tout beau et tout bronzé. Ils n’ont pas du tout franchi le canal, ils sont toujours à Colón. Dehors, il pleut à verse. L’air est saturé d’humidité. Il fait nuit noire bien qu’il soit à peine 19 heures. Le réseau routier est sommaire et les Panaméens ne s’encombrent pas de panneaux indicatifs, si bien que nous mettrons deux heures pour parcourir les 80 km qui séparent Panamá City de Colón. Colón, c’est un coupe-gorge la nuit. Pire que les docks de Grenade ! Je suis bien contente que Philippe soit à mes côtés, parce que seule, je serais morte de trouille. Pourtant, je ne suis pas du genre traqueuse ! Michel nous attends à la marina en annexe. Ce yacht club est le plus sordide qu’il m’ai été donné de voir. Nous traversons le port sur plus d’un mile pour rejoindre la zone d’attente réservée aux voiliers, passant devant de luxueux yacht, et d’écrasants cargos. Quand se dessine la silhouette d’Aramis, je réalise, dans la lumière des bouées latérales, que je suis enfin libre, en route pour Tahiti, un océan à découvrir, les Galápagos sur mon chemin !

Paris, 48° 51' 53" N - 02° 20' 56" E / Miami, 25° 47' N - 80° 13' W / Panamá City, 8° 58 N - 79° 32 W

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Commentaires
E
cool ce blog! pas mal!
M
... de dormir d'un sommeil léger.<br /> Et si jamais je cauchemarde ou que je rêve de poursuites (à mobylette) par des banditos con weapon (merde, c'est pas de l'espagnol non plus), ben ça sera de ta faute.<br /> <br /> Si demain j'arrive en retard au boulot, tu me feras un mot d'excuses ?
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